Au sommet de Séville, un “tournant” ou le “statu quo” pour le développement ?
La quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FFD4) se tient du 30 juin au 3 juillet dans le sud de l’Espagne, dans un contexte de tensions internationales marqué par le retrait des États-Unis. Un “compromis de Séville” doit y être formellement adopté par les États membres.
Après les conférences de Monterrey (2002), de Doha (2008) et d’Addis-Abeba (2015), place à Séville. Le sommet des Nations unies qui s’ouvre ce lundi 30 juin dans le sud de l’Espagne a pour ambition de relancer les engagements internationaux pour le développement durable, rappelle La Presse. Comme le précise le quotidien tunisien, “environ 4 000 milliards de dollars” annuels, soit environ 3 400 milliards d’euros, manquent chaque année “pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030”, notamment en matière de lutte contre la pauvreté et le changement climatique.
Le “compromis de Séville”, qui y sera officiellement adopté, ne propose pas de nouvelle feuille de route mais il renforce les engagements du programme d’action d’Addis-Abeba. Ce texte met un accent particulier sur l’élargissement de l’espace budgétaire, l’augmentation des recettes fiscales, la soutenabilité de la dette publique ainsi que sur une coopération internationale renforcée. Des axes qui répondent aux besoins pressants des pays du Sud, souvent confrontés à une dette lourde qui limite leur capacité à financer les services publics essentiels, explique Financial Afrik.
Cependant, le contexte actuel est marqué par une baisse notable de l’aide publique au développement, une conséquence des crises sanitaires, économiques et géopolitiques successives, indique le quotidien égyptien Al-Ahram.
Les tensions se sont accentuées avec le retrait des États-Unis, qui refusent de soutenir plusieurs propositions, notamment celles relatives à la lutte contre le changement climatique, à l’égalité de genre et à la réforme des institutions financières multilatérales, détaille encore le média cairote. Un retrait qui fragilise l’élan autour du financement du développement, amplifiant les divergences entre pays du Nord et du Sud.
Selon Mamadou Goïta, socioéconomiste malien et directeur exécutif de l’Institut de recherche et de promotion des alternatives pour le développement (Irpad), interrogé par le média béninois Fraternité, la FFD4 constitue un rendez-vous décisif pour repenser les mécanismes financiers mondiaux. Elle pourrait être “un tournant même si on peut aussi craindre un statu quo dans les réflexions sur les modèles de développement qu’on veut promouvoir en matière de financement.”
“Ce rendez-vous est un moment vraiment important dans l’histoire de l’humanité compte tenu des positions actuelles des États vis-à-vis de l’aide au développement. Il est essentiel de se poser les bonnes questions.”
Pour Mamadou Goïta, il s’agit de mieux répondre aux besoins des pays en développement, qui attendent des solutions concrètes à leurs contraintes budgétaires et à l’urgence climatique. Le succès de ce rendez-vous dépendra de la capacité des acteurs à trouver un terrain d’entente, malgré leurs divergences.
Courrier International